Etre végane en voyage : impossible?

25 mai 2016.Isis Gagnon-Grenier.2 J'aime.8 Commentaires
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Dans le slogan de notre blogue, Voyage végane à vélo, il y a le mot végane (le choix de vivre sans exploiter les animaux, en mangeant végétalien et sans porter ni cuir, ni laine, etc.) Vous devinerez donc que le concept ne nous semble pas irréaliste. Pourtant, quand nous discutons de véganisme autour de nous, on nous réplique souvent qu’à la rigueur, chez soi, ça se fait. « Mais en voyage, c’est carrément impossible. » Ce qui nous fait toujours sourire, Clément et moi : Ah bon, c’est impossible?

Et que diriez vous d’être végane non seulement en voyage, mais aussi en voyageant à vélo, en hiver, en trimbalant notre matériel d’escalade et de camping, en mangeant biologique, en limitant nos déchets, avec un budget limité, en étant diabétique et avec une bébé et des couches lavables que nous lavons souvent à la main et ce, pendant au moins un an? Si nous sommes véganes dans ces conditions, nous pouvons presque affirmer qu’il n’y a pas de raison de ne pas l’être chez soi!

Mais alors, comment on fait? En dix points, voici nos conseils pour voyager sans renier nos valeurs.

1. Apprendre les langues étrangères

Si nous souhaitons comprendre et nous faire comprendre, il est primordial d’apprendre au moins quelques mots-clés dans la langue des pays visités. Par exemple, pour visiter l’Espagne, nous avons révisé les mots viande (carne), lait (leche), oeufs (huevos), beurre (mantequilla), et sans (sin), etc. Comme ça, quand nous lisions les étiquettes espagnoles, nous savions quoi boycotter. Nous avons aussi appris à dire que nous sommes véganes, en l’expliquant brièvement. Les personnes rencontrées, touchées par l’effort fourni pour discuter en espagnol ou dans toute langue concernée, sont d’autant plus enclines à comprendre notre démarche.

2. Toujours avoir sur soi l’essentiel

L’essentiel, c’est-à-dire ce qui est plus difficile à trouver : des légumineuses, des algues, de la vitamine B12. Tout le reste, soit les fruits, les légumes, les céréales, noix, épices, huiles, chocolats, etc, se trouve pratiquement à toutes les tables. Nous avons une réserve de vitamines B12 pour toute l’année. Nous avons aussi un flacon d’algues en flocons dont nous saupoudrons quelques repas par semaine pour nous assurer un apport fiable en iode. Et finalement, nous avons toujours des légumineuses avec nous : lentilles, pois chiches ou tempeh, les grands oubliés des tables généralement carnées. C’est léger, ça ne prend pas trop de place, et ça nous assure une santé de fer 🙂

3. Bien choisir ses restos

Oui, il existe des restaurants pas même prêts à servir une salade et du pain sans y ajouter des morceaux d’animaux. C’est triste, mais c’est une réalité. Notre truc : nous passons notre chemin, quitte à sauter un repas (ça ne nous est encore jamais arrivé). Si ce type d’endroit disparaissait, ça ne nous ferait pas un pli, au contraire. Nous évitons le plus possible de manger au restaurant, car c’est cher et presque toujours non-biologique. Mais quand il le faut, nous avons compris qu’il est beaucoup plus facile de manger végétalien dans les grandes villes que dans les coins perdus, et dans les restos traditionnels étrangers plutôt que français ou occidentaux, qu’ils soient indiens, libanais, thaïs, etc.

4. User de tact chez les hôtes

C’est peut-être ce qui m’inquiétait le plus avant de partir : comment allions-nous refuser des aliments d’origine animale sans offusquer nos hôtes? Finalement, toutes nos expériences furent positives. Quand nous expliquons que nous ne mangeons plus les produits d’origine animale depuis que nous savons qu’ils ne sont pas nécessaires, la plupart des gens réagissent intelligemment. Nous avons eu droit à quelques commentaires surpris, d’autres brusqués, puis nous avons dû répondre aux questions habituelles concernant des carences, la tradition, la norme. Mais en général, tout le monde s’est prêté au jeu. Je ne crois pas que beaucoup soient devenu.e.s véganes à notre contact, mais ce qui est sûr, c’est que nous avons lancé la réflexion.

5. User de débrouillardise quand on quitte les grandes villes

Parfois, à la campagne, les épiceries manquent de diversité. On y trouve presque rien de biologique, de complet, de végétalien cuisiné, ou même de fruits et légumes frais. Il faut alors ouvrir les yeux si on ne veut pas manger des pâtes à la sauce tomate (encore!) ou attendre le prochain village. Rares sont les épiceries qui ne contiennent pas de pois chiches, secs ou en conserve, de lentilles, de pommes, de pommes de terre, d’arachides ou de haricots verts en conserve. Certes, ce n’est pas aussi alléchant que du tempeh panné ou du yaourt végétal aux litchi-framboises, mais ça remplit la panse jusqu’au prochain repas, et c’est assez nutritif.

6. Ne pas sentir trop fort

Question hygiène, en voyage comme à la maison, nous avons des goûts simples et pratiques. Pas de maquillage, pas de crèmes, pas de parfums ou que sais-je encore. Nous utilisons souvent les savons du Dr Bronner, véganes, biologiques et équitables, qui servent à la fois de savon à lessive, à vaisselle, pour le corps et pour les cheveux. Pour Yaëlle qui a aujourd’hui 10 mois, nous utilisons un savon pour bébé Weleda, à la calendule, non testé sur les animaux. Il a fait ses preuves pour ses petits yeux et elle prend même plaisir à en mettre dans sa bouche!

7. Se vêtir sans faire souffrir

Comme nous voyageons à vélo et que nos bagages sont limités, nous ne faisons pas vraiment les magasins durant le voyage. Nous avons choisi nos vêtements et chaussures avant de partir, dans le confort de notre chez nous. Nous portons du coton, du polyester, du gore-tex, des fibres végétales et à base de pétrole, qui nous durent depuis un moment. Nous fréquentons quand nous le pouvons les friperies, car nous préférons réutiliser ce qui a déjà été produit plutôt que de consommer du neuf. Ce n’est pas si difficile de ne pas acheter de cuir, de plumes ou de laine1. Il suffit de le faire 🙂

8. Dormir au chaud dans le froid

Il faut être bien équipé.e pour camper quand la température descend sous le zéro, avec ou sans bébé. Quand est venu le temps d’acheter nos sacs de couchage, nous avons fait face à des tonnes de modèles en plumes moins chers, plus chauds et plus légers que ceux que nous avons finalement choisis. Résultat : nous avons des duvets synthétiques conjoints ainsi que des sacs de patates individuels en coton (on dit sacs à viande, mais ça ne nous plaît pas!). Ils sont plus gros que ceux de la plupart des gens que nous rencontrons, mais franchement, nous pouvons nous le permettre, même en vélo. Et comme nous dormons en famille, nous dormons au chaud garanti!

9. Éviter ou limiter les médicaments

Comme la plupart des médicaments ne sont pas véganes (souvent testés sur les animaux), le mieux est de les éviter dès que possible. Pour ce faire, rien ne vaut le fait de prendre soin de soi. Sans que cela nous rende invincibles, bien dormir, bien manger, boire beaucoup d’eau, se supplémenter en vitamine B12, ne pas (trop) fêter, boire d’alcool ou se droguer, faire de l’exercice physique, etc, limite nos besoins en médicaments de toutes sortes. Je dois prendre de l’insuline, synthétique heureusement2, mais je fais ce que je peux pour en limiter mes besoins3. Les plantes médicinales peuvent aussi soigner plusieurs problèmes de santé et se trouvent dans les herboristeries et les magasins d’alimentation biologique.

10. Se divertir autrement

En gros, éviter les zoos, les corridas, les calèches, les spectacles de dauphins, les combats de coqs, etc. Quand on voit des activités non véganes, on les boycotte, c’est tout. C’est pas plus dur en voyage qu’ailleurs. Personnellement, même avant de devenir végane, je ne prenais pas plaisir à voir des animaux utilisés à des fins de divertissement humain. Le monde est vaste, il y a des millions de choses éthiques à faire et à découvrir. Faites-vous plaisir!

Voilà. Être végane en voyage, loin d’être impossible, reste une simple question de choix. La façon dont nous abordons les gens influence directement leur réaction. Les sourires attirent les sourires et une bonne attitude facilite la communication saine ainsi que la saine « propagande végane ». 🙂

Et vous, quelles difficultés rencontrez-vous, en voyage comme à la maison, pour être végane? Avez-vous des anecdotes à raconter ?

1 Nous portons aussi des bas de laine, et j’ai une tuque (un bonnet pour les Français.es) et des mitaines en laine. Nous les avons depuis quelques années, et nos convictions écolos ainsi que notre attachement affectif nous incitent à les utiliser jusqu’au bout. Libre à certain.e.s véganes de nous juger fautifs ; pour nous, il y a des combats plus prioritaires.

2 Depuis la première utilisation de l’insuline chez l’humain dans les années 1950 et jusqu’en 1982, les diabétiques insulino-dépendants devaient s’injecter de l’insuline prélevée des pancréas de bovins ou de porcs. Cela a été précédé par plusieurs décennies d’expériences sur des animaux. Aujourd’hui, l’insuline est génétiquement modifiée et synthétisée par des bactéries.

3 J’ai réussi pendant longtemps à me passer d’insuline, comme en témoignent mon livre Diabète Choisir la vie et mon site web www.diabetiqueetjoyeuse.com. Mais il faut me rendre à l’évidence : si je veux vivre en santé plus de 40 ans, je dois en prendre. Une diète peu sucrée et beaucoup d’exercice physique limitent mes besoins, et donc ma consommation, de ce produit pharmaceutique qui ne me plaît pas outre mesure.

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Catégorie(s) : Véganisme

Commentaires (8)

  • Thomas BOUBAULT . 29 juillet 2016 . Répondre
    Je me permet de commenter cet article que je trouve super et même excellent. J’ai adoré tomber sur votre blog et cliquer sur votre Végéta-lien 🙂
    • Clément Courte . 29 juillet 2016 .
      Wow! Merci pour les louanges! 🙂
      Ton jeux de mot nous a scié! Je me demandais, tu deviens quoi de beau? Il me semble que tu vis dans les montagnes quelques part… On est à Grenoble pour le WE et ensuite on descend au Sud vers Gap. Si jamais tu es sur notre route ou que tu as le goût de faire des détours? 😉 Pleins de bisous!
  • Noémie . 4 mars 2017 . Répondre
    J’ai juste envie de dire bravo. Avec de la détermination on peut aller très loin! Les lentilles et les pois chiches germés, ça marche aussi plutôt bien sauf quand il fait trop froid. C’est pas facile tous les jours d’agir en accord avec ses convictions mais tout faire pour s’en approcher et ne pas douter est le plus important.
    A très bientôt 😉
    • Clément Courte . 31 mars 2017 .
      Merci Noémie pour le message! Effectivement, nous devons parfois nous affirmer un peu pour respecter nos convictions. Mais avec compassion et détermination, on s’en sort toujours plutôt bien. Les lentilles et pois chiches germés, hum, tu nous donnes des idées!
      On est ravi.e.s de vous avoir croisé à Athènes pour une visite peuplée mais gratuite de l’Acropole. Au plaisir et bon voyage à vous 2!
  • Mila . 15 novembre 2017 . Répondre
    Bonjour la famille,

    Je me demandais comment vous avez fait dans les Balkans pour vous nourrir ? Je demande ça car j’ai vu que vous y étiez passés. De mon côté, j’ai difficilement réussi, mais en tant que végétarienne. J’ai déjà trouvé qu’il me manquait des nutriments essentiels, sans doute le fer, comme toujours chez moi. Je me suis sentie très fatiguée à plusieurs reprises.

    Nous n’avons trouvé, la plupart du temps, ni pois chiche ni lentilles et c’est vrai que les rares fois où nous sommes tombés dessus, il y en avait pour des heures avant que ça cuise. Avec le camping sauvage et le camping gaz, c’était une grosse galère. On est vite passé aux pâtes – Ajvar – fromage frais – pain – tomates – salades grecques.

    J’y retourne l’année prochaine, à nouveau à vélo, mais cette fois, il faut que je sois prévoyante pour ne pas me retrouver dans la même situation !

    • Clément Courte . 15 novembre 2017 .
      Bonjour Mila,

      Merci pour la question, hautement pertinente! De notre côté, nous avons renoncé temporairement à notre idéal zéro déchets en achetant des conserves de légumineuses (haricots noirs, rouges, pois chiches quand disponible, lentilles, flageolets, etc). Et on n’avait même pas besoin de les faire tremper ou même
      cuire. Souvent (quand on avait beau temps), nous les intégrions directement dans une salade ou un couscous. Question fer aussi, il y a en tout plein dans les feuilles vertes, disponibles partout, on en a même souvent cueilli directement dans la nature (plantain, ortie, menthe, pissenlit, etc). Il ne faut pas oublier que la vitamine C favorise l’absorption du fer, et donc que les repas qui contiennent vitamine C et fer sont recommandés (verdures, poivrons, kiwis, sont riches en vitamine C). En revanche, la caféine nuit à son absorption, alors éviter café, thé et chocolat durant les repas.

      Aussi, nous transportions toujours au minimum deux-trois jours de nourriture dans nos sacoches, donc à chaque fois que nous traversions une grande ville, nous faisions le plein d’aliments moins disponibles au fin fond de la campagne!

      En espérant avoir pu vous donner des pistes pour votre prochain périple. 🙂

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