Siurana : me gustan las regletas

Carnet de voyage #10

31 juillet 2016.Clément Courte.1 J'aime.2 Commentaires
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DATES: DU 18 MARS AU 7 AVRIL 2016DU 23 AU 26 AVRIL
DISTANCE TOTALE PARCOURUE:  1953 KM
ÉTAPES: MARGALEF, SIURANA

Après quelques jours passés à Margalef, nous voilà rendu à 40km de là, à l’un des autres sites d’escalade mondialement connus d’Espagne : Siurana! Hasta la vista les trous, hola les réglettes!

La route entre Margalef et Siurana est magnifique. Après une bonne côte, on se retrouve au dessus du Parc de la Sierra de Montsant, pour en faire le tour par le nord. Passé le col, on aperçoit alors la longue barre rocheuse qui délimite la frontière Est du parc. Très vite, on rejoint le village de Cornudella. Faisant face à Montsant, on trouve une autre barre rocheuse très sinueuse et un village médiéval perché tout en haut : Siurana.

1. Une relique du moyen-âge

Perché sur une presqu’île de roche surplombant les grimpeurs, Siurana est un bijou à lui tout seul ! La légende raconte que la Reina Mora se serait jetée de la falaise pour fuir l’arrivée des troupes chrétiennes ayant envahi la région. Dans sa chute elle aurait emporté son cheval. Une trace de sabot témoigne sur le bord du précipice, du dernier sursaut de l’animal malchanceux… Nous allons donc faire notre possible pour ne pas reproduire le grand saut!

Entre son église du XIIIème siècle, son château arabe en ruine, ses maisons toutes de pierres vêtues, ses corniches et ses papis qui coupent du petit bois à la tronçonneuse… Il n’y a pas lieu à s’ennuyer. Les tarifs attrape-touristes sont de rigueur. Alors pour faire nos courses ou encore boire un verre, on préférera descendre à Cornudella.

Enfin, pour y monter, la route est très très très raide (rien de moins). Après une première montée impressionnante en voiture avec des ami.e.s, nous avons décidé de ne jamais la tenter en vélo. De toute façon, il n’y a pas grand chose à y faire, hormis une petite escapade dans le village et quelques beaux spots de grimpe.

Les rares fois où nous y retournerons, ce sera en covoiturage ou en stop!

2. Regletas, a muerte!

Une fois rendu.e.s sur le rocher, on comprend vite pourquoi ce site est un incontournable de la grimpe mondiale. La texture du calcaire est parfaite, compacte, très nerveuse et pleine de « grain ». Siurana, c’est aussi des dizaines de secteurs et des milliers de voies, dans tous les niveaux. Jusqu’aux plus extrêmes ! Il y a vraiment de quoi s’amuser pour tout le monde.

Côté style d’escalade, c’est principalement des voies longues, techniques et truffées de réglettes. Ah, des réglettes? Pour les non-initié.e.s, ce sont des petites prises franches avec en général moins d’une phalange d’épaisseur. Pour les tenir, les grimpeurs.euses sont obligé.e.s d’arquer leurs doigts. Soit de plier les premières phalanges et d’apposer éventuellement un pouce par dessus pour verrouiller le tout… Doigts sensibles, s’abstenir!

Papa dans les 8a

Ça tombe bien, les longues voies techniques sur réglettes, c’est l’une de mes escalades favorites. Je suis léger, donc les petites prises me font moins mal et je peux me reposer sur presque tous les mouvements! Héhé, il faut bien qu’il y ait des avantages à être petit. 😉

Fait que, c’est sans grande difficulté que j’ai enchainé une fois de plus quelques beaux 8a. Ce qui fait bien plaisir!

Une fois n’est pas coutume, voici donc ma liste de voies préférées du séjour :

  • Pren Nota (8a) – secteur Negociee
  • El ploramique (8a) – secteur Siuranella Centre
  • Belladona (8a) – secteur L’Herbolari
  • Siouxie (7c+) – secteur Can Piqui Pugui
  • Mandragora (7b+) – secteur Espero Primavera

Maman mène son combat

On s’en souvient, Isis a une relation différente de celle de Clément avec l’escalade. Pour être franche, elle éprouve tour à tour de l’amour ou de la haine (et tout ce qu’il y a entre les deux) selon l’état d’esprit dans lequel elle grimpe.

À Siurana, elle a eu la chance d’en discuter avec un homme qui aurait bien aimé pouvoir profiter des falaises à sa place! Voici des extraits du journal d’Isis pour vous illustrer son combat mental.

16 mars 2016 : « Je me faisais la réflexion aujourd’hui que l’escalade sans militer ne me satisfait pas. Cela manque de sens. Il faisait beau soleil, on a marché longuement, et j’ai eu peur que Clément ne soit déçu de ne pas grimper assez. Je lui ai donc laissé la priorité de grimpe : la marche d’approche me suffit amplement. Mais tout un après-midi à jouer avec Yaëlle m’a amené à réfléchir à la vie, à ma vie, à mon but de vie : améliorer les choses.

Je ne crois pas que c’est en escaladant que j’y arriverai! J’ai besoin de m’assurer que je pourrai à la fois survivre et aider d’autres à le faire après la fin du pétrole. Quand je pense à ça, tout ce qui ne s’y rapproche pas me semble si futile, une sorte de temps perdu, ailleurs, déconnecté. »

25 Avril 2016 :  « Hier, j’ai bien discuté avec Fred, un ami de Sophie. Toujours un peu dégoûtée de l’escalade, et en même temps ambivalente, je lui explique mon soulagement quant à notre reprise du vélo prévue pour demain (youpi!). Je suis heureuse de l’avoir fait car ça l’a piqué, lui qui ne peut plus escalader et qui ne pense qu’à ça depuis 5 ans. Du coup, on a exploré ce qu’est l’escalade, au fond, l’essence de l’escalade. Comme tout le reste, en fait, ça dépend de comment on le fait.

Il a parlé des cotations qui peuvent alimenter un esprit de compétition, de la recherche du moment présent et de l’art dans chaque mouvement, de la concentration, du travail sur soi, en gros, à travers le sport. Il a dit qu’on commençait à escalader quand on s’amusait, pas quand on atteignait un certain niveau. […]

J’ai senti beaucoup de pression pour devenir plus forte et être plus téméraire, et je m’en suis mis aussi. Du coup, j’oscille souvent entre le plaisir d’être là, et la colère parfois même désespérée de ne pas pouvoir fournir ce qu’on (ou je) attend de moi. Et la pression, qu’est-ce que c’est haut dans la liste des trucs que je retirerais de notre société.

En gros, j’aime beaucoup escalader quand je le fais sans peur et sans jugement. Comme à peu près tout dans la vie. Voilà, c’est tout, c’est si simple! »

Cela ne règle pas totalement ce combat mental, mais aide Isis à percevoir le passe-temps favori de son chéri comme plus utile et stimulant!

Yaya au pied des voies

Yaëlle, comme toujours, adore se retrouver au pied des voies. Jour après jour, de plus en plus, elle explore son environnement, grimpe et rampe sur les cailloux (en nous faisant parfois de belles frayeurs). Et s’amuse avec les enfants et les animaux d’autres grimpeurs.euses!

3. Le parking du virage

Pour dormir, nous nous sommes installé.e.s dans le fameux parking du virage. De l’automne au printemps, des dizaines de camions, bus, camping-car et caravanes se donnent rendez-vous pour abriter plus ou moins sommairement les grimpeurs.euses fauché.e.s!

Du parking, , nous faisons une trentaine de mètres dans les buissons pour y installer notre camp de base. Bien pratique pour nous épargner les gros party jusqu’à pas d’heure et les chiens qui jappent jusqu’à pas d’heure aussi…

Ce parking est idéalement situé entre le village de Cornudella – où nous retrouvons toutes les commodités : eau, nourriture, bière, wifi, etc – et les falaises. Tous les jours ou presque, nous descendons donc à Cornu’ pour faire le plein d’eau et prendre des nouvelles de l’univers sur internet. Comme à Margalef, nous avons un gros 8km aller-retour, avec une bonne côte, dans les deux sens…

Aussi, sur le chemin, il y a une petite route qui descend au lac. C’est trop parfait pour se baigner les jours de repos et les jours de grosse chaleur! 🙂

4. La boulangerie du village

Pour le wifi donc, après avoir testé plusieurs options plus ou moins concluantes, nous avons jeté notre dévolu sur la boulangerie. Il y a du thé, du pain potable, du wifi gratuit, beaucoup de lumière et… un espace de jeux pour les enfants!

Bref, nous y allons presque tous les jours et nous nous gavons effrontément la face de pain à l’huile d’olive…

5. Aller-retour express en France pas rapport

Pour ses démarches d’immigration, Isis a dû retourner à Orléans vers fin mars. Et dans la même semaine, ma famille du côté de ma mère organisait un grand WE familial pour les 95 ans de ma grand-mère.

Après quelques semaines de recherche infructueuse de covoiturage, ni une, ni deux, nous avons loué une Fiat 500 verte menthe au lait girly vomi pour faire l’aller-retour en quelques jours. Boum, c’est parti pour 10 heures de voiture presque non-stop. Heureusement que la petite fille avait sommeil ce jour-là. Le retour fut plus mouvementé, mais se passa bien néanmoins. Yaëlle nous a encore une fois impressionnée avec son calme légendaire. Une petite fille en or!

On a complètement oublié de prendre un photo de la voiture. On s’excuse, parce que ça valait vraiment le coup d’oeil 😉

6. Rencontres et retrouvailles

Se retrouver dans un spot de grimpe mondialement connu, c’est aussi faire plein de nouvelles rencontres. Se faire prendre en stop par Dany Andrada, demander à Seb Bouin de garder nos vélos pendant notre absence ou encore croiser Chris Sharma au pied des voies ne devrait pas nous surprendre. Les plus forts grimpeurs.euses de la planète sont bel et bien de la partie!

Nous faisons également pleins d’autres belles rencontres!

Pour ce qui est des retrouvailles, nous avons eu l’occasion de recroiser des Espagnols rencontrés à Chulilla. De grimper en compagnie de Sign, Tarje et leur petit Roar. De regrimper avec Max le belge. De retrouver une amie grimpeuse de Bordeaux perdue de vue depuis des années. De passer du bon temps avec Galvin et Mirjam, leurs enfants et leur bus rouge. De se pousser dans les projets avec mon petit Valentin, ami de longue date, venu pour l’occasion avec sa copine Alicia. Et finalement, de retrouver Anaïs et Sophie, elles aussi rencontrées à Chulilla, qui s’apprêtent à vivre de nouvelles aventures à nos côtés.

7. Le club des cinq

Quelques jours avant notre départ de Siurana, Sophie nous contactait en nous disant à peu près comme ça : « Salut les ami.e.s, je viens de m’acheter un vélo, des sacoches, un follow-me et je m’achète des billets de train pour venir vous rejoindre à Siurana pour faire la traversée des Pyrénées avec vous! »

Euhhhh, ok d’accord. Ça parait surréaliste et fou, mais on t’attend pour quitter l’Espagne toustes ensemble et retrouver la France!

C’est donc à travers les montagnes, pendant 10 jours, où nous ferons tellement de cols qu’on ne les comptera plus, que nous partons avec nos deux cyclotouristes en herbe. On restera pas mal admiratif.ve.s quand même pour leur spontanéité et leur grande motivation à embarquer dans des défis fous!

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Catégorie(s) : Carnet de voyage, Escalade

Commentaires (2)

  • Val . 2 août 2016 . Répondre
    Magnifico!
    • (Auteur) Clément Courte . 4 août 2016 .
      Merci Valéry! 🙂

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